lundi 25 avril 2016

Souvenirs de 2015

L'été 2015 en fut un marquant pour le jeune pêcheur que je suis. Marquant, en effet, car j'ai pour la première fois vécu le frisson de voir une truite gober une de mes mouches. Il n'y avait plus que la soie entre elle et moi. Distance infime; combat intense. Non pas que je ferraillait avec une brute de 5 livres, mais j'étais tout aussi excité que si ça avait été le cas. 

Le 7 juillet, je partis explorer, canne en main, une portion de rivière en amont de la jonction des deux ruisseaux qui donne ainsi naissance à la Yamaska Sud-Est. Je n'avais pas d'information particulière pouvant m'indiquer qu'il y avait effectivement de la truite dans le coin, seulement le souvenir d'avoir croisé, lors d'une randonnée, un couple d’aînés sortant de la rivière, canne et puise à la main, il y a de cela 5 ans. Je n'avais jusqu'à lors jamais cru qu'il puisse y avoir de poisson habitant ces eaux. 

C'est alors que je commençai ma partie de pêche. Numéro 4 en main, Ausable Wulff au bout de l’avançons, je prospectai tous les recoins qui me semblaient propices à une touche. J'aiguisai ainsi ma technique de lancé, car tous les coins me semblaient propices! J'avançai comme ça, en remontant le courant, jusqu'à atteindre la fosse qui me donna la piqûre de la pêche à la truite. C'est la même que j'ai décrit lors de mon précédent message. Une superbe fosse formée d'un court rapide happant une énorme roche ignée, avec un fond descendant jusqu'à deux mètres de profondeur environs. À gauche, un squelette desséché de bouleau jaune étendant ses branches moussus au-dessus des flots à une hauteur d'environs 3 mètres, juste ce qu'il faut pour empêcher un lancer franc. À droite, des pruches se penchant sur la berge pour offrir un magnifique couvert contre les feux du soleil et un sapré défi pour le moucheur novice. 

Je décidai de m'avancer plus avant dans la fosse, un peu excentré vers la gauche, pour éviter les pruches. J'avais lu que parfois les truites se tiennent à la queue de la fosse, là où la vitesse de l'eau est un peu accélérée par la remontée du fond et où la turbidité est parfaite pour la chasse, à l'affût derrière une roche. Je ne croyais même pas qu'il y ait du poisson sur ce tronçon, je l'ai déjà dit et, après avoir emmêlé ma ligne une bonne demi-douzaine de fois dans les pruches, j'étais sur le point de revenir bredouille, convaincu que la truite n'était qu'un rêve de mon imagination. C'est alors que justement, au moment de m'avancer, je foulai la queue de la fosse et je vis une ombre déguerpir, la plus rapide qu'il m'ait été donné d'apercevoir. Mon cœur s'emballa et mes poil s'hérissèrent. Une Truite, pas de doute, Une Truite! 

C'est avec des papillons dans l'estomac (et une voix dans la tête me disant de me calmer pour ne pas tout gâcher) que je m’agenouillai. J'avais de l'eau jusqu'à taille. J'attendis environs 5 minutes, pour nous laisser le temps de nous calmer, la Truite et moi. J'observai la fosse, extrapolant sur le meilleur lancer à faire. J'étudiai le courant et je crus comprendre qu'une grosse roche au fond devait créer le remous que je voyait à la tête de la fosse; belle cachette pour une truite apeurée. Je tentai mes premiers lancers. 

Il m'en fallu 6 ou 7, laissant dérivé ma mouche sèche au-dessus de la roche, aux abords du remous, avant qu'un premier gobage raté viennent faire chavirer mon cœur. Le souffle court, je relançai au même endroit et, après 3 gobages ratés, ce fût le moment ou le temps s'arrêta. 

Je vis le gobage, la mouche qui disparaît, la légère éclaboussure caractéristique des Salmonidés, et je sentis pour la première fois la tirée de ce magnifique poisson sur la ligne. Comment décrire les coups de tête, la traction de la queue, les gigotements frénétiques de l'animal. C'est toute une décharge électrique qui me parcourue à ce moment là et je savourai chaque secondes du combat. 


Ma première truite! Je ne savais même pas comment la prendre dans mes mains! Je réussis enfin à la maîtriser pour l'admirer. Une merveille d'Omble de Fontaine. Loin d'être un monstre, elle restera tout de même gravée à jamais dans ma mémoire. La première truite qui me donna la piqûre de la pêche à la mouche.

 

1 commentaire:

  1. Ça me replonge aussi dans les souvenirs tout ça. Une belle manière de décrire le sentiment que procure la découverte de la pêche à la mouche! Et toujours heureux d'avoir parcouru un ruisseau de la ZEC Chapais avec toi l'année dernière. Dire qu'on avait des papillons dans l'estomac serait comme dire qu'ils tourbillonnaient dans nos talons: pressés de partir pêcher à en oublier nos lunchs ! Emportés par la rivière, avec la curiosité hameçonnée et tirée comme par la ligne invisible de ses méandres, nous ne pensions qu'à découvrir la fosse, la truite! Au plaisir de partager encore de bons moments de pêche et de pouvoir lire tes aventures!

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