dimanche 15 mai 2016

À côté de la track...

Les dimanches se suivent et se ressemblent. Encore une journée morne de pluie et de vent. Devinez quoi, je suis encore sorti pêcher. Bon, les conditions sont pires que la semaine dernière, mais qu'à cela ne tienne, je prospecte, pour les semaines à venir. Oui, l'eau est trop haute, oui elle est encore glacée et oui le courant est trop fort, mais tant qu'à être aux abords de la rivière pour prospecter, aussi bien amener ma canne et m'échauffer à quelques lancers, on ne sait jamais.

J'avais dans l'optique d'aller dégoter des petites mouchetées sur un spot qui abrite une jolie population indigène de ces truites, très en amont de la Yamaska. Arrivé sur les lieux, constat plutôt déplaisant; la rivière atteint un niveau pas loin de celui qu'elle arbore lors de la crue. J'ai fait quelques lancers sans trop d'enthousiasme et j'ai pris la décision d'aller marcher le long de la voie ferrée plus en aval. Pourquoi cette voie ferrée? Elle longe la rivière sur presque toute sa longueur et permet son observation et la découverte de spots intéressants sans trop de difficultés. Enfin, ça reste un chemin de fer, c'est fait pour les trains pas pour les bipèdes.


En train, à cheval, en Cadillac, j'suis toujours... 
Je me suis stationné pas très  loin d'un pont voisin de la track et j'ai commencé ma route. Les feuilles des arbres n'étant pas encore tout à fait rendus à grandeur mature, j'ai pu profiter d'une vue sur les montagnes environnantes et sur les collines d'un vert rappelant vaguement les Highland d'Écosse ou les plaines de la Verte Erin. Agréable spectacle. J'avais environs une demie-heure de marche à faire pour l'aller. J'avais un peu l'impression de refaire la marche du Calvaire de Jésus (référence biblique) ou la marche de l'Expiation de Cercei Lannister (référence biblique), sans la résurrection au bout. Enfin, s'il suffisait de marcher un peu pour avoir du poisson, les facteurs exhaleraient une odeur de chalutier, quoique ces derniers tendent à marcher de moins en moins, mais ça, c'est une autre histoire.

Je suis donc arrivé au bras de rivière qui m'intéresse particulièrement après une quarantaine de minute. Je ne fus pas déçu. La rivière longe le chemin de fer sur une portion d'environs 100 mètre, entre deux coudes. Dans le premier coude, l'eau est profonde et abrite plusieurs gros rochers ainsi que des arbres immergés; repaire de poisson. Les flots s'accélèrent ensuite suivant le fond qui remonte et les berges qui se rapprochent. Il en découle un rapide d'environs 1 mètre de profondeur sur une longueur de près de 30 mètres. Celui-ci débouche sur un autre coude similaire au premier. J'ai fait quelques bons lancers dans les circonstances (un vent assez puissant balayait la rivière de façon perpendiculaire) en changeant de mouches à quelques reprises.

Fin des rapides

Je me suis d'abord essayé avec une combinaison nymphe-sèche, puis j'ai opté pour un woolly bugger à tête de tungstène. Bien sûr, rien n'a mordu. J'étais tout de même content d'être là, malgré la pluie, malgré le vent. Faire un lancé réussi est une de ces choses qui vous font du bien, même sans résultats au bout de l'hameçon. C'est une sorte de thérapie en même temps qu'un joli phénomène de physique. Votre mouche pèse si peu qu'il serait gênant de la mettre sur une balance et pourtant, vous la propulsez à une quinzaine de mètres de vous. C'est la soie et la canne qui travail et vous aussi, mais si peu. Votre poignet engendre le mouvement vers l'arrière et il faut sentir le bon moment pour le ramener. Le moment ou la soie tire votre canne vers l'arrière pour en arriver à un instant, si court soit-il, où la canne, la soie et la mouche sont immobiles, tendus à point. Puis vous imprimer un mouvement vers l'avant, redirigeant toute cette énergie en direction de votre objectif. Après quelques faux lancers, vous sentez que tout se fait tout seul; vous êtes alors le chef d'orchestre du moment, ajustant seulement l'angle et la force du mouvement.

Je tombe parfois dans la lune, faisant des faux lancers à n'en plus finir, propulsant la soie de plus en plus loin à chaque retour de la canne, puis après avoir vidé une partie de mon moulinet, ma mouche de loge dans des branches derrières moi et me sort de ma rêverie. La méditation est terminée.

Petit rapide au tournant de la rivière

Pour revenir à mon histoire, j'ai vu une petite éphémère grise qui venait d'éclore dans le courant. J'avais dans ma boîte une paire d'Hendrickson, imitation la plus proche de l'insecte que je voyais. J'ai fait quelques lancers encore, en travaillant sur la dérive et la présentation, puis la pluie à commencée à s'intensifier et j'ai décidé de revenir sagement, avant d'attraper un rhume.

Ayant le spot bien en tête, je reviendrai dans quelques semaines. Pour pécher à la mouche sur la Yamaska, il faut être un peu à côté de la track...

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