lundi 2 mai 2016

Définitivement encore trop tôt...

En ce lundi soir, après une journée à travailler à l'intérieur, j'avais envie de sortir me dégourdir le lancer un peu. Malgré la pluie et le temps plutôt frisquet, je me suis donc dirigé vers un endroit de pêche urbaine de prédilection : les chutes de l'usine de filtration. L'endroit est comme le nom, à moitié intéressant et à moitié répugnant. Tout dépend de l'attitude avec laquelle on entre dans l'eau. À voir le fond vaseux, tapis de conserves, de canettes et autres délectables items, on pourrait douter fortement du potentiel de pêche de l'endroit. Et pourtant...

L'évacuateur de crue, creusé à même la pierre
Les chutes offrent une source constante de nourriture et d'oxygène. Pendant les grandes chaleurs estivales, on y trouve surtout des achigans à petite bouche, aux dos noirs comme l'ébène. Ils sont agressifs, ils sont puissants et ils sont affamés. J'ai déjà capturé à cet endroit, un achigan d'environs 2,5 livres, ayant le corps maculé de marques de dents, vestiges de combats avec les autres poissons de la fosse. Un facteur de la qualité de la pêche au pied de ces chutes (je serais même tenté de dire «le» facteur) est la hauteur de l'eau. En effet, en début de saison, plusieurs poissons sont pris par le courant puissant qui marque la fin du lac Davignon, les chutes formant la reprise de la morphologie « rivière» de la Yamaska. Les individus ainsi emportés peuvent se retrouver directement dans la rivière, ou tomber dans la zone tampon que forment les petites fosses juste au-dessous des cascades. 

Dernière petite cascade avant le début de la rivière

Au printemps, les poissons ont encore un échappatoire, mais venu l'été, les fosses deviennent presque des entités indépendantes, reliées entre elles par une fine lame de courant superficiel, et elles emprisonnent les poissons dans leurs eaux, les rendant vorace au possible, pour notre plus grand amusement. Une autre source de plaisir provenant des chutes, est le fait que n'importe quelle espèce peut se trouver dans leurs eaux, à n'importe quel moment. Achigan, perchaude, crapet de roche, barbue de rivière, carpe, doré, maskinongé, truite arc-en-ciel, tous les poissons habitant le lac ou la rivière se rencontrent dans cette zone frontière extrêmement riche et diversifiée, contre toute attente. 


Je m'y rendais aujourd'hui pour tenter de prendre un représentant des espèces mentionnées ci-haut, n'importe lequel. J'avais avec moi ma canne à lancer léger, muni de mon kit de leurres tout usage. J'ai d'abord tenté ma chance avec une cuillère offerte par un grand ami, une cuillère scandinave pour poisson à corne et à barbe.

La cuillère que Gabriel m'a rapportée de Scandinavie
Le leurre étant d'un poids assez important, j'ai dû ajuster mon lancer. Une fois les tests effectués, j'ai pu prospecter des endroits assez éloignés avec une grande aisance. Aucune touche par contre. 

Je suis donc descendu plus au bas dans la rivière, là où la force du courant s'amenuise et où le fond forme une longue plaine plate, marquée par des roches dissimulées au fond. Je me suis attelé à explorer les zones les plus prometteuses comme le derrière des roches, les limites des langues de courants et les zones calmes et couvertes par la végétation. Pour ce faire, j'ai choisi la plus grosse offrande de mon attirail, le Black Fury numéro 5. La force avec laquelle cet appât tombe à l'eau effraie probablement les poissons des alentours, quid de son poids démesuré. Qu'à cela ne tienne, j'avais envie de le lancer. 

Black Fury numéro 5
J'ai effectivement pris quelque chose, après une dizaine de lancers. J'ai senti un poids sur la ligne et je ne savais pas ce que c'était aux premiers abords. C'était quelque chose d'un autre temps, une image d'une époque antédiluvienne, un représentant d'un âge révolu. J'avais, au bout de la canne, un cellulaire «flip», réel vestige d'une ère perdue.

La pêche urbaine et ses trophées
C'est tout ce que j'ai pris en ce lundi soir et je crois que c'était assez pour une soirée de pêche sous la pluie. L'eau et l'air sont toujours aussi froids, il est définitivement encore trop tôt...
  
La reprise de la forme « rivière » après les chutes

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